à Manhattan et le dernier club
de gym à la mode. Entre le surfeur Californien et le cadre
dynamique, mais le regard franc et lexpression chaleureuse.
Romains lavait déjà vu. Cétait
John-Paul SAINT-JOHN. Rien de moins que le « boss des boss
», le gérant et le directeur de la programmation
de la salle. Une sorte de divinité locale.
Pas plus tard que le jour davant Romain lavait vu
accompagner Ronny JORDAN. John-Paul venait toujours écouter
les grandes stars.
Romain, lui, restait dans lombre dune ruelle, à
guetter les entrées, collé contre un mur jouxtant
la boite. Quand les vas et viens étaient terminés,
que le quartier était calme, il pouvait deviner, sentir
les morceaux qui se jouaient à lintérieur.
Parfois les portes souvraient et laissaient transpirer quelques
notes au travers du brouhaha de la salle.
Souvent, il avait limpression que les murs battaient. Comme
un cur. Cette boite était le cur du quartier.
Lui insufflant vie. Participant au bonheur des centaines de gens
qui sy pressaient chaque soir, et se répandaient
ensuite dans New York, prêchant la bonne musique. Mais romain
lui restait à lextérieur. Tout son argent
était engloutit par sa passion dévorante pour la
trompette. Les cours, les partitions, les accessoires, et les
disques. Absorbé par sa passion, il en avait perdu son
travail. Tout son être était tendu vers un seul but,
apprendre et encore apprendre, jouer et encore jouer. Pour oublier.
Des parents inconsistants, léchec scolaire, la misère
et la solitude... Pour soublier.
Oh, Il avait bien pu, quelques fois, se payer un place pour un
second couteau. Mais cela remontait à lépoque
où il bossait encore.
Et ce matin, qui était devant lui ? John-Paul SAINT-JOHN.
Le cur du cur en personne. Il lobserva assidûment.
Sur la défensive il cherchait un indice permettant danticiper
sa réaction. Mais John-Paul ne se départait pas
de son expression chaleureuse :
-« Jai oublié ma serviette « backstage
» », lui dit-il. « Je ne pensais pas tomber
sur un joueur. Je ne me rappelle pas avoir programmé qui
que ce soit à cette heure-ci ! Ah oui, je me présente,
je suis John-Paul... »
-« Je ..., je sais qui vous êtes. »
-« Alors vous devez savoir que personne ne joue ici sans
mon autorisation ? » Le ton se durcissait, se faisait plus
sec et plus hautain.
Romain baissa les yeux. Quels sortes de problèmes ce type
pouvait bien lui faire ?
- « Comment êtes-vous entré ? Je paye un concierge,
pas pour que les gens entrent ici comme à la National Art
Gallery un jour douverture ! » Romain sinquiétait.
Ce type était une véritable baraque, et il était
capable de sénerver sans en avoir lair !
Alors que Romain lobservait, brusquement John-Paul hurla
le nom du concierge. Ce dernier arriva prestement. Simulant la
surprise en découvrant Romain. Chacun pour soi.
-« Joshua, aller me chercher ma serviette dans les coulisses.
»
-« Tout de suit monsieur, » prononça-t-il avec
déférence, sexécutant aussitôt.
Romain scrutait John-Paul. A nouveau tous les deux seuls, à
nouveau, le silence...
-« Je vous lai déjà dit, personne ne
joue ici sans mon autorisation. » le ton sétait
radoucit, presque paternaliste. « Je ne vois que deux solutions.
La première... jappelle le 911, la police. »
Impassible, cette fois, cest Jack (le surnom quon
lui donnait comme à beaucoup de John, comme William CLINTON
est plus connu sous le nom de Bill.) qui examinait les réactions
de Romain, pétrifié. Puis un large sourire illumina
la face du colosse américain. « Ah, Josh, vous êtes
revenu. Passez-moi ma serviette, merci. » Il louvrit
et en extrait une feuille. « La deuxième, vous acceptez
de signer ce contrat avec moi... »
Quand je suis sortit ce soir là, jai levé
les yeux au ciel. Je devais vouloir rendre grâce à
Dieu. Et avant que laube naissante ne finisse davaler
toutes les étoiles, jen ai remarqué une que
je navais jamais vue auparavant. Elle se distinguait des
autres de par sa couleur. Elle était bleue. Depuis où
que je joue je la repère toujours. Je lui dois ma vie.
Vous voyez, tout à commencé sur une note bleue...