Humphrey Bogart

Page3
 
 

Même durée, approximativement 2 minutes. J’ai pris une dizaine de photos. Puis j’ai joué les acrobates pour aller me coucher, en repassant par ma fenêtre. J’en ai oublié le Dictaphone collé sous le couvercle d’une poubelle ! J’en ai d’ailleurs très mal dormi. J’ai rouvert les yeux à 4h30 en y pensant. J’ai vite couru le recherché, en pyjama. Heureusement il n’avait pas bougé. Je l’ai écouté au chaud de mon intérieur. En fait le type à la merce fixait un rencart aux deux jeunes. Bassin principal, quai numéro 2, 10h30 samedi. Le reste, c’étaient des consigne de sécurité, des noms et leur rôle dans l’affaire. Plus le point de rendez vous le dimanche pour fourguer « la marchandise ». Et bye bye.
 J’ai donc trouvé une excuse bidon auprès de mes parents pour rester au Havre ce samedi.
Le samedi soir, vers dix heures, je suis allé faire un tour près des quais, dans les bassins. C’était très judicieux. Il y avait encore de l’activité. Quelques bateaux sur le point de partir et quelques grosses voitures. Des armateurs qui venait saluer leurs capitaines, difficile de repérer ceux qui se livraient à quelques trafics. Des caisses passaient dans pas mal de mains, d’un bateau à l’autre parfois dans des voitures. Personne ne se cachait, personne n’avait rien à se reprocher. Mais à 10h30 presque tout le monde avait dégagé. Il ne restait qu’un quai, au loin sur lequel il y avait encore un peu d’activité. La mercedes est arrivée. Puis mes deux compères. J’étais en retrait par rapport aux bassins, je les ai suivi. Ils se sont mis au bord d’un quai, le long de l’eau, masqué par un entrepôt. En fait, la route qui menait au bassin longeait l’entrepôt, par sa droite. En face de celui-ci, elle était bordé par un bassin. Il y avait une sorte de parking derrière l’entrepôt, au bout à gauche de la route (le premier bassin était à droite.) Les deux skins ont récupéré des armes dans le coffre de la mercedes et ils se sont serrés contre la voiture. Un yacht est arrivé. La voiture était entre eux et le bateau de sorte qu’ils fussent protégés. Le boss est allé aidé à amarrer le bateau puis il a palabré avec deux noirs africains. Les deux noirs sont rentrés. Quelques secondes après plusieurs hommes d’équipages ont débarqué des caisses. Ils les mettaient dans le coffre de la voiture. 5 Caisses plus une mallette en cuir. Alors le boss est allé ouvrir la portière passager avant et il a récupéré une mallette en cuir, identique à celle nouvellement dans son coffre, après il l’a donné à un des hommes d’équipage. Ils avaient été quatre à décharger les caisses. Pas d’armes apparentes. Pas non plus pour le boss. Par contre au bastingage du bateau il y avait deux hommes qui dissimulaient des armes derrières la balustrade. Et on voyait  deux mecs rentrés au début, dans la cabine de pilotage. Il y avait un autre gars, peut-être le capitaine. De toute façon le yacht n’était pas immense, il ne devait pas y avoir plus que ces neufs hommes plus le capitaine et les deux pontes. Les deux skins semblaient bien seuls face à cette mini-armée. Ils avaient pourtant l’air bien sûrs d’eux. Moi, je m’était tapis le long de l’entrepôt au bout de la route. J’ai réalisé que j’étais bien dans la merde. La voiture démarrais et je n’avais pas le temps de me mettre à l’abris derrière l’entrepôt. Il faisait au moins une bonne centaine de mètres. Le moteur gras du yacht s’est ajouté à celui de la voiture. Les skins sont montés. J’ai tenté ma chance, j’ai traversé la route et je me suis jeté à l’eau. Elle était glacée. On était à la fin de l’hiver. Déjà que j’ai jamais trouvé l’eau de la région bien chaude en été ! Et puis je me sentais sacrement lourd. L’aviateur en cuir gorgé d’eau, c’était quelque chose. L’espèce de fourrure à l’intérieur, pire que de l’éponge. Je me suis collé au bord de la route et j’ai attendu. La mercedes noire a fait demi-tour. Puis elle est passé à mes côtés sans ralentir. Soulagement. Mais je l’ai entendue s’arrêter au bout de l’entrepôt. 2 portières se sont ouvertes. Je grelottais de froid et d’inquiétude. L’eau me brûlait la peau. Des bruits de pas résonnèrent sur la parois métallique de l’entrepôt. En fait monsieur mercedes avait déposé les deux skins au début de la voix menant au quai. Ces deux cons se sont approchés de l’eau pour uriner dans ce bassin de la Seine. Moi j’en pouvais plus. Hé, Dugland, t’as déjà essayé de maintenir ta tête hors d’une eau à 10°, sans faire de bruit et habillé ? J’te jure que c’est pas une sinécure. Je m’énerve mais j’ai bien cru que j’allais y rester ! Donc il y avait ces deux cons en train de se vider dans la Seine. Dans quel sens allait le courant ? Beurk. Enfin, Marc et Cédric ont fini par s’en aller. Tranquillement, en discutant, simples promeneurs. Une fois que je les ai vu disparaître, j’ai essayé de me hisser sur la route. Mais j’étais trop lourd mes membres étaient engourdis par le froid, et je n’avais plus de souffle, je n’y arrivais pas. (Peut-être pas assez musclé non plus.) J’ai ôté mon zonblou. Et j’ai essayé de le jeter sur le quai. J’ai réussi. Mais seulement au bout du troisième essai. Idem pour les pompes que j’ai balancés, mais en une seule fois, ce coup ci. Enfin après de nombreux et exténuant efforts je suis parvenu à me hisser. Je suis resté étalé sur le goudron une bonne trentaine de minutes, somnolant. Il me semblait encore tout chaud.
Il avait fait beau dans la journée. Il rayonnait encore de la chaleur emmagasinée. De toute façon, je n’ai pas eu de mal à m’en convaincre après avoir passé plus d’une dizaine de minutes dans une eau aussi froide.
En tant normal, il m’aurait fallu 20-25 minutes pour rentrer. Il m’en a fallu le double. Je n’arrivais pas à réchauffer mes muscles engourdis. Ni à avoir de pensées cohérentes. Enfin arrivé chez moi, je me suis dessapé, j’ai pris une douche et je me suis couché. Je ne me suis pas réveillé avant lendemain 17 heures. 12 heures de sommeil. J’étais assez en forme contrairement à ce que je m’attendais. J’ai passé trois heure à me détendre, mais j’ai dû me recoucher. Je me croyais en forme, ce n’était qu’une impression. Du moins jusqu’au lundi matin où à 9 heures, je partais chercher les photos de la rencontre, que j’avais faites développées à Auchan.

Page 4
Retour à l'index des nouvelles
Retour au plan du site.