Humphrey Bogart
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« Tu veux tirer à
balle réelles ? » Ben oui, c’est du tire longue distance.
Je devais avoir l’air convainquant parce qu’elle m’a dit qu’elle allait
se renseigner. De toute façon ce n’était pas pressé,
mais je suis un vrai gosse, quand j’ai envie de quelque chose j’aime bien
l’avoir rapidement, si elle pouvait me donner des nouvelles le week-end
prochain...
On s’est quitté à
4 heures, elle a pris mon numero de téléphone. Bisous et
ciao. J’ai filé à la médiathèque. Ils font
un travail gigantesque. Ils sont directement dépendant de l’ INA.
Ils collaborent au stockage des archives nationales. Là encore j’ai
eu de la chance. Les différents centres de collecte des images travaille
par type d’archives. Par exemple à Evreux le travail est d’archiver
les magazines à caractère informatif. Comme la preuve par
l’image, sans aucun doute, le vrai journal... Karl Zéro serait très
content d’apprendre ça. Tout est numérisé, compressé
et stocké sur un disque dur. Il suffit donc de se connecter en réseau
sur cette unité centrale pour accéder aux archives souhaités.
Les émissions sélectionnées étaient diffusé
sur l’écran de l’ordinateur, dans une fenêtre. J’étais
parvenu à organiser l’écran en quatre fenêtres, chacune
diffusant un vrai journal en accéléré. (3 fois plus
vite.) Il ne m’a pas fallu plus de 45 minutes pour trouver l’émission
qui m’intéressait. C’est donc comme ça que j’ai su qui était
Charles Gaubont, ex de la légion étrangère se livrant
à différentes sortes de trafics pour un parti d’extrême
droite : armes, drogue... La drogue, qui d’après le journaliste
vient de Colombie, transite par l’Afrique et permet de financer l’achat
d’armes, venant aussi d’Afrique (mais pourtant françaises la plupart
du temps) et qui sont revendus après pour soutenir différents
mouvements extrémistes, et d’épuration ethnique.
Il est peut-être dangereux.
Mais une fois mort il ne le sera plus.
Connaissant l’homme, je pouvais
aisément deviner le genre de trafic qui avait eu lieu sous mes yeux.
Je me replongeais dans la scène comme je l’avait vécu, le
soir de l’échange. Je revoyais la Seine, le hangar, les quais, les
hommes qui déchargeaient les caisses. Je n’ai jamais vraiment vu
de caisses d’armes. Excepté dans des séries américaines.
Mais il n’était pas difficile de penser que celles que j’avais vu
ce soir là en étaient. Et il y avait les deux malettes échangées.
Je pense que la mallette venant du yacht contenait de la drogue. Et celle
de la voiture l’argent nécessaire au bon déroulement de la
transaction. Concrètement l’Afrique échange des armes contre
de la drogue avec la Colombie en guérilla. Ensuite elle revend la
drogue contre des armes qui servent à financer de nouveaux achats
de drogue. Le parti d’extrême droite lui, rachète la drogue,
la deale et avec les bébéfices rachète la nouvelle
drogue mais aussi des armes revendus aux islamistes et serbes... à
qui n’en veut quoi. Lors de la transaction, personne n’avait semblé
avoir rien vérifié. Aucune mallette n’avait été
ouverte. J’en déduis qu’ils doivent avoir l’habitude de traiter
ensemble. Tout me semblait très clair. Je n’avait plus qu’à
récupérer mon arme et à passer à l’action.
Dorothée m’a téléphoné
le mercredi. Elle pouvait m’obtenir un fusil pour le week-end, mais il
fallait y mettre le prix. Dix mille francs tout rond. Il allait falloir
les trouver. Je supposais à juste titre que ce genre de chose ne
se paye pas par chèque. Jeudi j’ai mis des affiches partout à
la fac. Pour vendre mon équipement informatique, ma télé,
ma chaîne hi-fi... J’avais pour presque vingt mille francs d’équipement
micro, imprimante, scanner, modem, logiciels en plus de la bécane
elle-même. J’ai mis le tout en vente pour cinq mille cinq cent francs.
Le vendredi soir, tout était vendu , payé en liquide, par
un jeune du quartier des neiges, au Havre, où la police ne va plus.
Pas le genre à vouloir faire des chèques non plus. Surtout
qu’il devait penser que je lui revendais du matériel volé.
Pour la télé et la chaîne, ça a été
plus long, j’ai vendu la télé cinq cent francs le lundi et
la chaîne mille neuf cent francs le mercredi. Je n’ai donc pas pu
récupéré l’arme le premier week-end. J’ai donc retiré
ce qui me manquait sur mon compte et je suis allé acheter l’arme
la semaine suivante. Ce faisant j’ai loupé une livraison. J’ai filé
le fric à Dorothée. Et elle m’a ramené l’arme. Elle
avait peut-être gardé une commission. Quelle importance ?
Mais je crois que oui.
Je me suis donc retrouvé
au Havre avec un fusil. Il était enveloppé dans un étui
de cerf-volant. Plutôt astucieux non ? Aller au Havre avec un cerf-volant,
quoi de plus logique ? Je recommençais ma surveillance de Marc et
de Cédric. Aucune rencontre cette semaine. Je commençais
à m’inquiéter, c’est à dire qu’il ne me restait plus
beaucoup de fric pour bouffer. Et je me faisais chier chez moi. Il me restait
juste mon Walkman pour m’occuper. J’espérais que cela n’allait pas
durer trop longtemps. J’étais en plus très nerveux et impatient.
J’avais du mal à dormir. Il fallait pourtant que je reste en forme
pour pouvoir viser avec précision. J’avais fait 6 mois de tir sportif
et je m’était vite rendu compte que je n’arrivais à rien
quand j’étais fatigué, à l’inverse, j’étais
vraiment doué si j’étais frais et dispo. Je passais mon temps
à me reposer et à me familiariser avec l’arme qui m’avait
été donnée, où plutôt vendue. C’était
un phamas. Peut-être venait-il de la base militaire 105. Je ne sais
pas. Le phamas correspondait assez bien à ce qu’il me fallait, c’est
un fusil à répétition. Pas besoin de le recharger.
Et on en trouvait parfois dans des fêtes foraines, ce qui fait que
j’avais déjà eu l’occasion de tirer avec. Très original,
je l’ai caché sous le lit. J’aurais pu le laisser traîner
ça n’aurait pas changer grand chose. Mais sait-on jamais. Après
tout j’avais , quand même un pote qui venait de temps en temps.
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